samedi 26 mars 2016

Comment les Mayas mesuraient-ils le temps ?

Les rites, célébrations et sacrifices chez les Mayas s’appuyaient sur deux calendriers annuels.

  •  LE HAAB (calendrier solaire vague)

Le Haab était composé de 365 jours (la vérité scientifique révèle qu’une année solaire est de 365,24 jours, ce qui pour l’époque était incroyablement proche de la réalité).

Ce calendrier se divisait en 18 Uinal (18 mois) de 20 K’in (20 jours), et se clôturait par un mois de 5 jours réputé périlleux.

Son rôle était de définir les dates des cérémonies, de faire des prédictions au peuple et de guider les activités des prêtres et souverains.

Le Haab était combiné à un autre calendrier : le Tzolkin

  •  LE TZOLKIN

Celui-ci servait essentiellement d’almanach religieux et est encore utilisé dans certaines zones d’Amérique Centrale.

Il était composé de 260 K’in (jours), chacun étant désigné par l’appellation d’un des 20 jours et d’un chiffre allant de 1 à 13.

                Par exemple le 12 Ahau ou le 4 Imix

Le 13 étant un nombre premier (ceux-ci étaient très important chez les Mayas et revêtissaient une valeur sacrée) il n’a pas de facteur commun avec 20, par conséquent la même combinaison de jour et de chiffre ne pouvait donc arriver que tous les 260 jours.

 

Chaque jours du calendrier Tzolkin étaient d’une grande importance pour les prêtres Mayas, chacun avait sa propre signification et on s’en servait pour nommer les enfants nés ce jour-là en leur promettant bons ou mauvaise augures.

 

Glyphes des 20 jours du Tzolkin


  • LA ROUE CALENDAIRE


La superposition du Tzolkin et du Haab donne un cycle que l’on nomme roue calendaire. Une date se répète seulement tous les cycles de 52 ans.

Un schéma peut représenter chaque calendrier (Haab et Tzolkin) tel des engrenages. Ceux-ci tournant dans le sens d’aiguille d’une montre, peuvent déterminer l’évolution des dates sur ce cycle de 52 ans.





Ce système de datation n’est ni plus complexe ni plus étrange que le nôtre. Notre calendrier combine lui aussi un cycle de 7 jours (suivant des noms romains) à un cycle de 12 mois, chaque mois comprenant de 28 à 31 jours, que nous suivons d’années en années suivant un compte décimal.
  • LE COMPTE LONG

Ce système ne permettait cependant pas de dater précisément un événement.

Les Mayas utilisaient donc ce qu’on appelle le compte long. Ainsi il était possible de dater précisément un événement à partir d’une date initiale correspondant chez nous au 13 Août 3114 avant J-C. qui marquait la création du monde chez les Mayas.


  • Dans ce compte long une année (Tun) comprenait 18 mois (Uinal) de 20 jours (K’in) chacun, soit 360 jours.


NB : rappelons que les Mayas suivaient un système vicésimal (base 20).

  • 20 années (Tuns) formaient un K’atun (360 jours x 20 = 7200 jours soit 19,7 ans)

                Les fins de K’atun étaient l’occasion de grandes cérémonies et rituels, les Mayas rénovaient les façades des temples et érigeaient de nombreuses stèles pour ces occasions.

  • 20 K’atun formaient un Bak’tun, soit 400 Tuns ou 144000 K’ins, soit 394,5 de nos années.

Le Bak’tun était la plus grande unité de temps dans le calendrier Maya. Chaque fin de Bak’tun annonçait des temps très sombres et de catastrophes, le compte long prévoit 13 Bak’tun soit 5125 ans, s’étant terminé le fameux 21 Décembre 2012.

Alors comment notaient ils une date ?


De nombreuses stèles sont présentes dans les ruines des cités, chacune marquant un événement (ascension d’un souverain, etc.).

Sur celle-ci on y trouve plusieurs chiffres et des symboles agencés de cette manière:




On a donc ici le chiffre 13 associé au symbole du B’aktun pour déterminer ainsi le 13 ème Bak'tun.


Et c’est de cette manière que la date complète est représentée sur les stèles:


Pour la date du 22 Avril 1955 (pour notre calendrier), il y'a 12 Bak'tun, 17 K'atun, 1 Tun, 8 Uinal et 15 K'ins (noté 12.17.1.8.15) après la date de création du monde maya.

Les glyphes entourés en vert correspondent elles au jour de la roue calendaire qui correspond à cette date.

NB: les 13 Bak'tun semble s'étaler du 13 Août 3114 avant J-C. au 21 Décembre 2012, cette dernière marquant visiblement la fin du monde. La vérité semblerait plus complexe, les croyances Mayas parlaient d'un univers vieux de plusieurs millions d'années. La date du 13 Août 3114 avant J-C. était vraisemblablement la date correspondant à la création du peuple Maya (Maya tirant le nom de "né du Maïs" (je ferai un article plus détaillé sur la création de l'Homme  chez les Mayas)).
Dès lors l’interprétation du 21 Décembre 2012 serait plus la fin d'UN monde et non du monde, la fin d'un cycle en appelant un nouveau. La civilisation Maya ayant disparu il y'a plusieurs siècles, la confection d'un calendrier se passant de nos jours, n'a guère eu le temps d'être envisagée et de voir le jour.

vendredi 18 mars 2016

La légende des jumeaux héros: histoire fondatrice de la religion Maya

Les deux jumeaux Héros Ixbalanque (Jeune Jaguar du soleil) et Hunahpu (Utilisant une sarbacane) sont les fils de Hun Hunahpu (jumeau lui aussi de Vucub Hunahpu, et tous deux décapités dans le monde souterrain des Mayas par les Dieux de Xibalba) et d’une jeune princesse Xibalbienne : Xmucane (La Dame Sang). La femme trouve la tête décapitée de Hun Hunahpu, la caresse mais se fait cracher dessus par celle-ci, elle tombe alors enceinte et est exilée sur Terre par les autres Xibalbien. Elle accouche sur Terre et en grandissant les jumeaux se révèlent alors être des grands joueurs de balle, tireurs à la sarbacane et escrocs.

  • Les héros dans l'inframonde
Chez les Mayas, les seigneurs de la mort Hun Came (Une Mort) et Vucub Came (Sept Morts) dominaient Xibalba. Il s’agissait du monde inférieur dit aussi l’inframonde ou "lieu de l'effroi", un lieu cauchemardesque, habité par des démons et les dieux de la Mort, distribuant maladies et malheurs.
Ixbalanque et Hunahpu, les Héros jumeaux avaient pour destin de combattre et vaincre Hun Came et Vucub Came. Les frères avaient dérangés lors d’un jeu de balle les deux seigneurs de la mort et furent alors provoqués par ces derniers.
Bien que la mère des Héros, Xmucane, tentât de les persuader de ne pas s’y rendre, les jumeaux ignorèrent les conseils et descendirent dans l’inframonde à partir du terrain de jeu, lieu d’entrée de Xibalba sur Terre.
Ils traversèrent alors les rivières de sang et de pus pour se rendre dans l’inframonde, croisant nombre d’images des dieux de la Mort gravées dans du bois, présentes dans le but de tromper les voyageurs imprudents.
Hunahpu s’arracha un poil de jambe, qui devint alors un moustique, et l’envoya chercher les véritables seigneurs de la Mort pour les piquer. Ceux-ci enfin trouvés, les jumeaux furent confrontés à d’autres épreuves (la maison des Couteaux, la maison du Froid, la maison du Jaguar et la maison du Feu). Passant ces tests avec brio, les seigneurs de la Mort demandèrent aux jumeaux de passer la nuit dans  la maison des Chauves-Souris. Ils se cachèrent alors dans leurs sarbacanes, mais Hunapu ne put rester caché toute la nuit, en sortant la tête pour voir si le soleil se levait, il fut décapité par le dieu Chauve-Souris: Camazotz.
  • La résurrection
Par stratagème, Ixbalanque frappa la tête de Hunahpu, qui se rattacha au corps. Hunahpu fut alors capable à nouveau d’écouter et de parler. Les jumeaux se présentèrent devant les dieux de la Mort pour un jeu de balle. Hun Came et Vacub Came prirent la tête d’Hunahpu comme balle, mais Ixbalanque l’attrapa et la rattacha encore une fois à son corps.
Bien que les Héros aient gagné le jeu de balle, les seigneurs de la Mort étaient toujours désireux de les tuer. Les dieux dressèrent un gigantesque feu au milieu duquel les Héros jumeaux durent sauter. Les jumeaux furent brûlés, et les Dieux écrasèrent leurs os calcinés en poussière et les jetèrent dans la rivière de la mort de Xibalba.
Trois jours plus tard, Ixbalanque et Hunahpu de nouveaux vivants, retournèrent voir les Dieux de la Mort, mais cette fois ci, déguisés en paysans dotés de pouvoirs extraordinaires. Les Dieux exigèrent aux deux de tuer et ressusciter un chien, ce qu’ils firent aussitôt. Puis que l'un d'entre eux réitère l’expérience avec l'autre. Ixbalanque arracha le cœur et découpa la tête de Hunahpu, puis le ressuscita. Les Dieux enchantés de cette démonstration demandèrent alors aux deux jumeaux déguisés de faire de même avec eux, les héros tuèrent alors l’un des seigneurs de la Mort mais sans user du pouvoir de résurrection. Voyant cela l’autre seigneur de Xibalba supplia les Héros et jura de ne plus jamais causer aucun tort à personne.
  • L'ascension de Ixbalanque et Hunahpu
Après cette victoire à Xibalba et les dieux arrogants éliminés, Ixbalanque et Hunahpu avaient un dernier acte à accomplir. Ils retournent à Xibalba récupérer les vestiges enfouis de leur père, Hun Hunahpu, et tentèrent de le ressusciter. Bien que son corps fut guéri, il n'a plus été le même, et il était incapable de vivre comme il le faisait auparavant. Les jumeaux quittèrent leur père, en lui jurant qu'il serait prié et respecté. 
Les jumeaux quittent alors Xibalba et remontent à la surface de la Terre. Cependant ils ne s'arrêtent pas là, et continuèrent de grimper tout droit vers le ciel. L'un devint alors le Soleil et l'autre la Lune.

(pas de panique, l'article Wikipédia c'est moi aussi !)

Comment comptaient les Mayas ?

Les Mayas ont le mérite d’avoir développé des sciences importantes, tout en étant coupés du monde occidental, ils ont réussi à développer une astronomie complexe, allant jusqu’à prédire au jour près une éclipse de soleil ou le mouvement de Vénus. 
Les mathématiques furent aussi une des avancés du monde Maya, ils ont été parmi les premiers au monde à introduire le zéro -noté par un coquillage- alors que les romains eux ne l’avaient jamais utilisé




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La particularité de leur système est qu’il n’utilisait pas un système vicésimal (base 20), alors que nous utilisons le système décimal (base 10).
  • Qu’est ce que ça veut dire ?
Chez nous, on a les unités de 0 à 9 puis les dizaines, quand on a dix dizaines on a les centaines, dix centaines on a un millier, etc.
En base 20, on a les unités de 0 à 19, ensuite les vingtaines, quand on a vingt vingtaines, on passe au quatre-centaines, vingt quatre-centaines on passe au huit milliers, etc.
  • Alors comment écrivaient-ils les grands nombres ? 
Prenons le chiffre 8145, les Mayas écrivaient de haut en bas. Je vous explique tout dans le tableau en dessous, pour comprendre la conversion.



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NB: Il est important de noter, que les nombres peuvent aussi être noter sous forme glyphique. Celle ci étant utilisée dans l'écriture des dates, ou pour touts travaux plus esthétiques.




Où vivaient les Mayas ?

Cela peut paraître scolaire, mais le territoire Maya mérite qu’on s’y arrête un peu, tant il était hétérogène et difficile. Tout d’abord les terrains ne sont pas adaptés pour l’agriculture, et ensuite les sols font que l’année se découpe entre périodes de sécheresses et grandes inondations. Mais pourtant ce qui est extraordinaire c’est que cette zone a accueilli jusqu’à 10 millions d’habitants.
A titre de comparaison la France ,dans la même période, ne comptait que 6 millions d’habitants pour un territoire 3 fois plus grand.
Voici, une petite mise en carte du territoire :




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Le territoire Maya se divise en trois grandes zones, Les Basses terres du nord et du sud, et les Hautes terres. Bien que les prémisses de la civilisation Maya se seraient situées dans les Hautes terres au sud, c’est bien dans les Basses terres qu’elle fut en plein essor.
Les Hautes terres, dites aussi zone méridionale, ont un climat allant d’un climat proche du notre à du sub-tropical, dû essentiellement à une grosse saison des pluies de Mai à Novembre. Cette zone est propice à l’agriculture mais les animaux s’y font rares.
Dans les Basses terres, les Mayas avaient à faire face à un climat torride, des sécheresses et à des forets tropicales. Elles sont peuplées de Jaguar, Singe Hurleurs, Pécaris, Tapirs, Cerfs et Dindons. Les sols calcaires et peu profonds font que les sources d’eaux sont rares, et les inondations fréquente en période de pluie.
Les Basses Terres du Nord (zone septentrional), n’étaient guère propice à l’agriculture tant le climat et le sol étaient difficiles. Cependant grâce à la technique du brûlis, les Mayas brûlaient une partie de la foret tropicale, et attendaient jusqu’à une dizaine d’années pour faire une ou deux saisons de culture. Ils cultivaient dès lors du maïs, des courges et haricots -comme on le faisait dans les Hautes terres mais cultivé de façon différentes- base de l’alimentation Maya.
Le déclin Maya, est peut être dû en parti, à cette agriculture intensive face à une terre peu accueillante. D’ailleurs la présence de “savanes” dans les Basses terres du Sud (zone centrale) semble être le fruit de plusieurs siècles de brûlis et de surproduction dans la foret tropicale.

Qui sont les Mayas ?

Lorsqu’il s’agit de civilisations précolombiennes (période correspondant à ce qui a été fait avant la ‘’ découverte ‘’ de l’Amérique par Christophe Colomb), on ne sait pas toujours différencier Aztèques, Incas et Mayas.
Ces trois peuples sont les plus connus de ceux qui ont vécu en Amérique, il y’en a eu bien d’autres, et comme ces trois ci ils n’étaient pas forcement de la même aire géographique ou de la même période ...
... une petite carte pour se mettre à jour 




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On voit donc que les Incas sont présents tout le long des Andes, alors que les Aztèques et les Mayas plus au Nord, au niveau du Mexique et encore une fois dans deux zones différentes. Le bassin de Mexico pour les Aztèques, et la péninsule du Yucatán, le Belize, le Guatemala et l’Ouest du Honduras pour les Mayas.
  • Oui mais quand ? 




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Les archéologues s’accordent tous pour dire que la première civilisation précolombienne fut celle des Olmèques qui influença beaucoup les suivantes dans le golfe du Mexique (à savoir via la mythologie, l’art, la langue, le calendrier, etc.).
Le peuple Maya se dessine alors à la base de la péninsule du Yucatán très tôt, mais la civilisation Maya dans le sens où on l’entend –grandes pyramides, glyphes et codex- prend son apogée entre 200 et 900 après J-C. Après cette date les grandes cités Maya furent abandonnées et le peuple Maya de retour à une vie plus archaïque.
Les peuples de l’Amérique précolombienne possèdent la particularité de ne pas être des zones uniformes comme on l’entend. On ne peut guère comparer l’empire Romain avec l’empire Maya, tant les Mayas étaient divisés en cité-état, influencés ou non par d’autres cités non-Maya (tel Teotihuacán) ou d’autres peuples (comme les Toltèques, Zapotèques …). Il y’a bien une certaine unité culturelle, de pensée, de religion, mais non un ensemble bien défini.
Ainsi c’est bien plus tard après la fin de la civilisation classique des Mayas, que naît l’empire Aztèque dans le bassin de Mexico. L’empire Inca (qui rappelons-le n’est pas de la même zone) est apparu quasiment en même temps que les Aztèques. C’est la conquête espagnol qui a eu raison de ces deux civilisations aux XVI ème siècle.